En matière d’éducation, s’il y a bien un sujet sur lequel chacun a son avis, c’est celui des pleurs du bébé.
Problème : ces avis sont rarement les mêmes et suscitent nombre de débats et de polémiques, parfois, à l’intérieur même des familles. Alors, faut-il laisser un bébé pleurer ou, au contraire, faut-il intervenir ?
Faut savoir qu’un bébé ne pleure jamais pour rien et le laisser seul avec ses sanglots nuit à sa santé, à son cerveau et à son épanouissement personnel.
Il est clair que pour qu’un bébé perde le réflexe de pleurer la nuit, le plus simple est de le laisser pleurer tout seul : au bout de quelque temps, il va comprendre que ça ne sert à rien et finira par se taire. Seulement voilà, s’il renonce à ses cris, c’est parce qu’il aura intégré l’idée que nul ne lui vient en aide quand il en a besoin, ce qui, en termes d’épanouissement, est loin d’être optimal…
À l’inverse, s’il sait qu’il peut compter sur ses parents dès les premiers mois de son existence, alors, son stress va diminuer et son cerveau va pouvoir maturer, se développer confortablement.
Selon certains psychologues il y’a des messages qui passent à travers les pleurs :
- J’ai faim : cela répond à une fonction vitale qui est de manger. Ce sont des pleurs qui commencent souvent doucement, puis qui augmentent en intensité si le besoin n’est pas assouvi. ”Le bébé peut aussi pleurer pendant l’allaitement maternel si la maman n’a pas assez de lait,
- Je suis inconfortable, ma couche est sale ou je suis serré dans mes vêtements : certains enfants sont particulièrement sensibles à ce ressenti alors que d’autres non ;
- J’ai trop froid ou trop chaud : la sensibilité à la température peut se manifester au moment du changement de couche ou lors du bain et expliquer pourquoi l’enfant pleure ;
- J’ai besoin d’un câlin : les bébés ont besoin de contacts, d’être rassurés et contenus, et rien de mieux qu’un câlin pour les apaiser. ”Votre enfant a été bercé pendant toute sa vie intra-utérine”,
- J’ai sommeil : de nombreux nourrissons ont du mal à trouver le sommeil et passent par une phase de pleurs avant de dormir. Les pleurs s’accompagnent aussi d’autres signes comme se frotter le nez ou les yeux… ;
- Je ne me sens pas bien : ce sont souvent des pleurs différents par leur intensité et leur modulation qui doivent alerter les parents. Ça peut être une douleur, une sur-stimulation, un inconfort … Ces pleurs peuvent s’accompagner d’autres signes comme de la température, ou des vomissements. Les pleurs de douleur sont souvent courts, perçants, intenses et très aigus ;
- Je m’ennuie : le nouveau-né peut avoir besoin d’interagir avec son entourage à travers une communication verbale et non verbale, par le jeu par exemple.
L’essentiel est d’arriver à distinguer ces pleurs pour arriver à comprendre le langage de bébé.
Réagir face aux pleurs et calmer son bébé.
Les pleurs de bébé peuvent être désarmants dans les premiers temps pour les jeunes parents. Les décoder et y répondre demande à la fois un grand sens de l’observation et de l’expérimentation. D’ailleurs, au départ, on peut tâtonner… Bien sûr, on a le choix d’y répondre ou de les ignorer. Mais en n’y prêtant pas attention, l’enfant risque de cesser la communication et se renfermer, ou alors augmenter ses pleurs de manière désorganisée, ce qui va entraîner une escalade et un énervement.
Avant d’en arriver là, voici trois astuces qui peuvent vous aider :
- Porter son enfant dans les bras, en porte-bébé, en écharpe, en peau-à-peau. La proximité physique et la réassurance sont souvent les meilleurs moyens pour calmer son bébé. Certains bébés apprécient particulièrement d’être portés sur le ventre, sur le bras de leur parent ;
- L’emmaillotage est apprécié par certains bébés. Le nouveau-né ne contrôle pas bien ses mouvements, ce corps qui bouge tout seul de façon désordonné peut le gêner durant son sommeil. En l’enveloppant dans un linge, comme on le fait dans certaines cultures, il se sent maintenu et réassuré ;
- Un massage du ventre aide parfois à évacuer les gaz qui le gênent : à distance des repas, faire des cercles concentriques autour du nombril, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.
”Si les cris sont continus plus de 5 minutes après avoir essayé de le calmer de manières diverses, vérifiez que le bébé n’est pas ”sur-nourri”, qu’il ne souffre pas de troubles digestifs ou d’une autre pathologie. N’hésitez pas à le peser, prendre sa température. Des vomissements, de la diarrhée, une éruption, etc. peuvent également vous alerter. Les causes des pleurs peuvent être variées : toux, douleur, faim, soif, chaleur, froid, bruit peuvent à eux seuls les faire pleurer et les réveiller la nuit ou pendant la sieste et demandent des mesures appropriées. ”C’est la raison pour laquelle il faut savoir consulter le pédiatre, à la recherche d’une cause organique en tout premier lieu”.
Au-delà de l’observation et de l’expérimentation, l’intuition joue un rôle essentiel. La mère est biologiquement prête à répondre aux besoins de son bébé pour avoir les réponses adaptées. Il faut donc que les parents sachent écouter leur corps et leur cœur afin d’interagir avec leur bébé. Répondre de manière appropriée est le premier et le plus difficile défi de communication auquel font face les parents.
Et si cela ne fonctionne pas, il est essentiel de ne pas culpabiliser : non, le bébé ne pleure pas à cause de vous. Parfois, le nourrisson peut simplement avoir envie de pleurer, de s’exprimer. L’essentiel est de faire en sorte qu’il se sente en sécurité.
Angélique Gnang
Puéricultrice